Secteur agricole, l’évolution structurelle

secteur agricole

Premier producteur européen de céréales, premier producteur européen de viande bovine, premier exportateur mondial de vins et spiritueux, le palmarès des produits agricoles et agroalimentaires français fait des envieux. En dépit des constantes innovations, la profession, pourtant de plus en plus hétérogène, souffre d’une image datée auprès de l’opinion publique. Pourtant, le secteur agricole est en constante évolution.

Le secteur agricole se modifie au grès des décisions Européenne

Les mutations du monde agricole sont intimement liées aux décisions prises aux niveaux européen, national et local. À la tête des décisions les plus impactantes, la PAC. Depuis sa création en 1962, la Politique Agricole Commune accompagne la transition agricole européenne. Elle pilote les différentes méthodes de production en fonction des besoins. Longtemps focalisées sur l’intensification de la production, on constate aujourd’hui un changement dans le discours des institutions. Ce dernier est plus axé sur l’agroécologie.

Avec une réforme en 2017 et surtout l’édition d’un “Pacte Vert” en 2019, la Commission européenne a présenté sa stratégie. « De la ferme à la fourchette » elle souhaite rendre plus durable le système alimentaire européen. On y trouve plusieurs ordonnances. La baisse de 50 % de l’usage des pesticides d’ici à 2030 en fait notamment partie. Tout comme le fait de réserver un quart des terres à l’agriculture biologique, contre 8,5 % actuellement est demandé.

 

Les nouvelles attentes du secteur agricole

La Future PAC (accord conclu en juin 2021) comprend, elle, trois grandes lignes. L’amélioration de la sécurité alimentaire de l’UE, renforcement de l’ambition environnementale et sociale, et enfin, le pilotage par la performance et simplification de la mise en œuvre de la PAC.

Sur le plan national, le “Plan de relance” du Gouvernement, annoncé en septembre 2020, comporte lui aussi un volet dédié à la transition agricole, alimentaire et forestière. Doté d’un budget de 1,2 milliards d’euros, il prévoit notamment des aides dédiées au renouvellement des équipements pour la transition agroécologique (agroéquipements) et au renouvellement des équipements pour les changements climatiques (aléas climatiques).

 

Premier pays producteur de l’UE

L’agriculture est l’un des secteurs clés de l’économie hexagonale. En effet, en France le secteur agricole représente plus de 516 000 exploitations en France. Elle sont principalement de petites unités à dominante familiale. Au total, elle représente 16 % des terres agricoles de l’Union Européenne.

Dans la majorité des exploitations agricoles françaises, le chef d’exploitation travaille seul. Parfois, avec l’appui ponctuel de salariés ou de membres de sa famille. En effet, les exploitations françaises ont en moyenne 1,5 employés. Car même s’il progresse, le salariat permanent hors cadre familial ne représentait en 2010 que 16 % des personnes qui travaillent dans les exploitations agricoles (contre 12 % en 2000).

 

Les acteurs du secteur agricole se rassemble

Paradoxalement, le secteur doit faire face à des besoins en emplois et en renouvellements de main-d’œuvre. Aujourd’hui, lorsqu’un agriculteur part à la retraite, il est souvent remplacé par un groupement d’agriculteurs-entrepreneurs. Cette opération de concentration est mise en place par la fusion de deux ou plusieurs structures. Elle prend la forme d’acquisition par une autre entreprise, la prise de participation ou la création d’une entreprise commune. Pour les TPE, la concentration facilite les économies d’échelle et offre ainsi la possibilité de rivaliser avec la concurrence. Elle leur permet aussi de se structurer face à la grande distribution et de réaliser les investissements nécessaires à l’innovation.

Les TPE et PME agricoles, source d’emplois dans les sociétés européennes et françaises, jouent donc un rôle de premier ordre dans ce secteur économique en mutation.

 

Évolution labellisée

Désormais plus attentifs à leur environnement, les clients redoutent les produits nocifs, les pratiques anéthiques ou les crises sanitaires. En effet, collectivités, consommateurs et militants écologistes demandent plus de transparence aux agriculteurs dans un contexte toujours plus incertain.

Dès lors, on a vu fleurir sur les étals les AOP, IGP, STG, Label Rouge et Bio, autant de signes d’identification de qualité et de l’origine (SIQO) censés rassurer le client sur le contenu de son assiette. Selon le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, les ventes de produits bio en France ont connu une croissance de près de 13,5 % entre 2018 et 2019. Sur le territoire, le bio représente en 2019 plus de 63 510 emplois directs dans la transformation et la distribution.

 

Si l’opinion publique peine à se défaire du sentiment d’un milieu figé dans le temps, le secteur agricole a déjà embrassé la demande émanant des clients et des institutions pour plus de satisfaction et un rapport plus harmonieux avec l’environnement.

 

Sylvain Jeoffroy, Consultant chez Reseaulution

 

 

Crédit photo : Loren King on Unsplash

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